AimPée au Salon d'automne - Hommage au Refus Global

Lorsque j'ai vu l'appel aux artistes lancé par le Musée des Beaux-Arts de Mont Saint-Hilaire: "Hommage au Refus Global", je me suis dit, sans l'ombre d'une hésitation, j'embarque!
Le manifeste du Refus Global, signé par Paul-Émile Borduas, Magdeleine Arbour, Marcel Barbeau, Bruno Cormier, Claude Gauvreau, Pierre Gauvreau, Muriel Guilbault, Marcelle Ferron, Fernand Leduc, Thérèse Leduc, Jean-Paul Mousseau, Maurice Perron, Louise Renaud, Françoise Riopelle, Jean-Paul Riopelle et Françoise Sullivan a clairement marqué l'histoire de l'Art au Québec. Difficilement accueilli, abondamment critiqué, avant-gardiste et toujours tellement actuel, le mouvement n'a laissé personne indifférent et témoigne de l'importance de l'apport du regard des artistes dans l'espace social. Parce que l'Art est une voix qui s'ajoute à celles des autres groupes. L'art sait également revendiquer, bousculer les codes, déranger et, je crois, espère contribuer à susciter les introspections personnelles et sociales nécessaires à qui souhaite peaufiner ces mondes dans lesquels nous vivons.
Chaque artiste participant à l'exposition Hommage au refus global a l'occasion d'y présenter une oeuvre.
Celle que j'ai choisi de soumettre à cet événement en est une tiré de l'une de mes séries d'oeuvres intitulée "PasséPrésent". PasséPrésent est une série qui regroupe neuf de mes oeuvres qui ont toutes la particularité d'avoir été une premières fois créées en 1985. Il s'agissait alors de neuf monotypes sur papier que j'ai décidé de revisiter à l'été 2018. Chaque oeuvre a été retravaillée, de différente manière, en utilisant des techniques et matériaux mixtes qui, sur le moment, m'ont inspirés. À l'origine, en 1985, la série de monotype s'inscrivait déjà dans un courant socialement contestataire et j'ai décidé, en revisitant chaque thèmes, de poursuivre la réflexion engagée de l'époque, afin de voir si, elle était toujours pertinente aujourd'hui.
Il s'est avéré, que c'était, à peu près tout comme le manifeste du Refus global, toujours au goût du jour.
L'oeuvre que je présenterai lors de cette exposition collective s'intitulait, en 1985 : Le pénis et l'église.
À l'époque, je souhaitais explorer le rapport entre les hommes et les femmes au sein de l'église. D'un côté le pouvoir décisionnel et hiérarchique réservé presque exclusivement aux hommes et de l'autre, celui (mais peut-on parler de pouvoir?) de dévotes servantes, réservée aux femmes. Mon jeune regard féministe émergeant, j'avais alors 18 ou 19 ans, s'insurgeait devant cette inégalité institutionalisée.
En 2018, assise en face de ce monotype archivé plus de trente-trois ans dans un vieux rouleaux de papier, revisitant mon impression de l'époque, je ne pouvais que constater la perpétuation des défaillances et dysfonctions que nous offre toujours l'église catholique.
En retravaillant l'oeuvre, qui, à l'origine était plutôt monochrome, j'ai voulu y introduire quelques fragments de couleurs, des éclats. Mais gardons en têtes que les éclats ne sont pas toujours "éclatants". Certains éclats viennent plutôt entacher les images, comme ces dénonciations d'abus sexuels effectués par des prêtres sur des enfants qui, depuis des décennies maintenant, n'ont de cessent de rejaillir en plein jour et ne manque assurément pas d'entacher l'image de cette institution qui est demeurée, pour longtemps, intouchable.
J'ai donc ajouté ces éclats de couleurs à mon oeuvre originale et ajouté des mots au titre initiale J'y présenterai donc ainsi : "Le Pénis et l'Église - Derrière les vitraux: toujours les scandales" - 24 X 18 pouces sur papier - Techniques mixtes. 1985-2018. L'œuvre sera présentée dans un encadrement à la fois classique et contemporain, préparé par CadrExpert.
J'espère que vous serez quelques uns et quelques unes à être curieux et curieuses et que vous prendrez le temps de visiter cette exposition hommage ou plus de 120 artistes qui se sont sentis interpelés par la thématique du Refus Global, présenteront leurs oeuvres.
Venez nous rejoindre au vernissage prévu le 27 octobre prochain à 14h au Musée des Beaux Arts de Mont Saint-Hilaire.
- AimPée